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intellectuelle de l’homme et de la femme. Il a, lui, dans la tête, cette idée sans virilité ! Mais, oublié un moment, son tempérament se retrouve. Cette Clémentine, qu’il dit si belle, il la peint fort mal. Rubens indigéré, une telle nature brouille sa palette. Il parle de la splendeur épanouie de cette longue figure byzantine, comme si une figure pouvait être byzantine et épanouie tout à la fois. On est épanoui ou byzantin comme on est gras ou maigre, il faut choisir. Et ce n’est pas tout. Cette femme, M. Bataille nous la donne comme ayant la passion du devoir : mais qu’est-ce pour M. Bataille que le devoir dont il l’étiquette ?…

Je voudrais bien savoir ce qu’est le devoir pour un homme qui ne croit qu’à la vie, à la génération des êtres, à la reproduction et aux instincts !… Or, par cela même qu’elle a la passion du devoir… abstrait, sans doute, l’auteur, qui sait rire comme tout Ægipan, nous fait de Clémentine une caricature ! Il nous montre cette passionnée du devoir ne pensant qu’à ses bas et à sa cuisine, ce qui est un singulier grief pour M. Bataille, qui est, avant et après tout, un esprit de haute graisse, un Rabelaisien de nature, sensuel jusqu’aux sauces, entendant la ripaille comme un paysan qu’il est, et la peignant bien, et même mieux que ses paysages.

Pour mon compte, je le trouve superbe quand il veut me donner l’idée de quelque boudin crevé dans un plat… Véritablement un talent aussi entripaillé que lui aurait dû être plus doux à une cuisinière comme Clémentine. Il ne l’a point été et il l’a sacrifiée à sa jeune sœur Rosette, belle nature de femme entretenue, la mademoiselle Bovary du livre, pour laquelle le