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certainement, parce qu’il est sur un sujet scabreux et scandaleux. Antoine Quérard est un médecin de village. Le village est la scène du roman de M. Bataille, qui a, je crois, l’honneur d’être villageois et qui connaît bien les paysans, mais comme il connaît tout, par dehors. Antoine Quérard est fort de tête comme de poignet. C’est un homme, c’est-à-dire un mâle, pour M. Bataille, qui ne voit dans l’homme que la bête puissante, et qui dédouble toujours l’humanité, fier profit pour elle !

Antoine Quérard commence par se croire amoureux d’une belle fille nommée Clémentine Picot, fille d’un vieux retraité, qui s’est fait cafetier et vend du tabac. Vous savez que pour être mis en première ligne dans les romans des réalistes, il faut être vulgaire de nom et faire des choses vulgaires ; c’est la suprême caractéristique de ces égalitaires charmants. Quand le nom et les choses sont ignobles, c’est encore mieux. Une fois marié avec cette Picot, et brouillé, à cause de ce mariage, avec un oncle, moitié bourgeois, moitié manant, qui le déshérite, il est devenu un médecin de campagne très-réussissant et très-heureux, avec une femme qui me semble à moi la vraie femme d’un homme d’action et de pensée, mais que M. Bataille, qui manque ici à son tempérament pour n’écouter que la voix d’un esprit faussé par les livres et les idées modernes, fait la galeuse de son roman.

… Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout le mal !

Inconséquence, pour le dire en passant, d’un homme aussi homme que M. Bataille ! Il croit à l’égalité