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la science occulte d’un Ruggieri, et la férocité voluptueuse d’un Héliogabale, avec une mysticité qui fait plus horreur que cette férocité voluptueuse, car les crimes spirituels sont les plus grands, l’Esprit devant être toujours à la tête de toutes les hiérarchies ! Tel est l’être échappant à toutes les lois et à toutes les catégories humaines, auquel M. Pommier, qui ne fait pas du tout du fantastique pour du fantastique, a prétendu nous intéresser, et, comme Je l’ai dit, il nous y intéresse tout le temps qu’il ne peint que par dehors l’épouvantable créature, et que nous croyons qu’il y aura un défaut de cuirasse humaine dans cette organisation de l’enfer. Mais, quand nous savons qu’il n’y en a pas, que c’est là tout simplement un monstre, impénétrable au regard du moraliste comme au scalpel du chirurgien, l’intérêt, soulevé à l’aide d’invraisemblances prodigieuses, comme un poids difficile à enlever à l’aide de cabestans faussés, l’intérêt tombe à plat…, et on s’accuse même d’être inférieur et presque puéril de l’avoir un instant éprouvé !


III

Un semblable résultat, du reste, est-il dans toutes les circonstances un résultat inévitable ? Si, par exemple, au lieu d’être un écrivain de talent, mais d’un talent qui n’a pas encore toute sa portée, M. Armand Pommier, l’auteur de La Dame au manteau rouge, était une de ces fulgurances incontestées qu’on appelle un homme de génie, La Dame au manteau rouge pourrait-elle