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en nous faisant toucher les pièces de son décor et l’habit de toile cirée de ses fantômes : Avez-vous été bêtes d’y être pris ? Je vous ai joliment filouté votre chair de poule ! Cette insolente et lugubre farce ne pouvait être jouée qu’en Angleterre, le pays de la mystification immense, la terre du hoax ! M. Armand Pommier, qui a du conteur fantastique dans sa manière, n’est pas uniquement un conteur fantastique qui veut à tout prix impressionner l’imagination par le Surnaturel et par le Mystère. Il relève de plus haut. Il est fantastique dans le détail, mais il est scientifique dans son but. C’est un romancier physiologique. Or, les défauts de son livre, que je lui demanderai la permission de signaler, viennent justement de sa prétention et de sa préoccupation d’être un romancier physiologique. Ce sera pour la Critique une occasion, cela ! de dire une fois, sous forme d’idées générales, la part qu’il faut faire à cette chose moderne et envahissante qui entre partout et pénètre tout, et monte jusque dans le roman : la Physiologie !


II

C’est là, en effet, une question très-actuelle et très-grave, et qu’on ne peut pas écarter par une fin quelconque de non-recevoir superficielle. Bien des critiques l’écarteraient peut-être du haut d’un spiritualisme dédaigneux, mais moi, non ! Et Dieu sait si je ne fais pas pourtant le plus que je peux la guerre sans trêve et sans relâche au matérialisme, si partout où