Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans celui de M. de Musset, la débauchée, la folle… non ! mais la méchante, c’est la maîtresse ! Ah ! la nature est plus indépendante et plus sauvage, et, dans les passions qui ressemblent à celle dont Elle et Lui et Lui et Elle nous racontent l’histoire, les torts appellent les torts, les abîmes invoquent les abîmes, et, puisqu’on a voulu le partage, on partage tout, jusqu’aux forfaits, s’il y en a !


III

Non, pour notre compte, nous n’admettons pas que ce soit vrai dans la vie et dans le roman, qui doit être la peinture idéalisée de la vie, tant de sagesse et de perfection d’un côté, de l’autre, tant de folie et tant de vice ! Et lorsque je dis perfection, je parle au point de vue du romancier lui-même, car, pour nous, Mme de Warens est jugée, et toutes les femmes comme elle, qui, pour une raison ou pour une autre, car elles ne pivotent pas toutes sur la cheville de la pitié, se livrent, dans les bras de leurs amants, aux petites singeries maternelles. En ceri, la morale de Mme George Sand l’a profondément trompée, et de cette morale elle n’a même pas eu la logique.

Deux lignes plus bas que celles dans lesquelles Thérèse se donne et qu’il ne faut pas se lasser de citer : « J’ai été coupable envers toi, et n’ayant pas eu la prudence égoïste de te fuir, il vaut mieux que je sois coupable envers moi-même », oui, seulement deux lignes plus bas, ce pauvre cerveau chancelant, que les critiques