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trouvent grandes et les adorent. Là est la pente de toutes, et Mme de Staël, de toutes les femmes de lettres la meilleure, elle-même y glissa. Quoique très-supérieurs aux hommes de Mme Sand, ses Oswald, ses Léonce peuvent cependant aller rejoindre les Leone Leoni et les Laurent de cette dernière. Laurent, c’est le pauvre héros d’Elle et Lui. C’est un rabâchage de Leone Leoni avec une variante. C’est enfin un Leone Leoni avec l’escroquerie en moins, mais avec la poésie en plus.

En effet, Laurent est un poète, comme Sténio qui, disait-on, était déjà un portrait, débauché comme Sténio, amoureux comme Sténio, bien plus de l’émotion de l’amour que de la femme aimée, recherchant cette émotion moins pour l’éprouver que pour la peindre, contradictoire comme un enfant et comme tant de génies, lorsque la religion, qui fait seule l’harmonie et l’ordre dans ces têtes sublimes et troublées, n’y verse pas la paix féconde et la lumière ! Laurent, comme l’éclair d’orage qui frissonne à l’horizon entre deux mondes, habite tour à tour le monde de l’inspiration et celui de la démence, mais c’est celui de la démence qu’il habile le plus.

Eh bien ! en face de ce type brillant et cependant commun dans sa rareté humaine (un poëte débauché), Mme Sand édifie