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en talent et en morale, que les autres productions de l’auteur d’Indiana, de Jacques et de Leone Leoni [1] !


II

C’est un livre d’une abominable tristesse, dans le genre d’Adolphe, mais en comparaison duquel Adolphe, que Planche, ce hibou de sagesse, trouvait déjà si triste, a les rafraîchissements et les joyeuses écumes d’un lait pur. C’est de plus l’histoire des lions qui croient savoir peindre… Mme Sand, comme toutes les femmes devenues des bas-bleus, et qui luttent d’orgueil contre l’homme, crée des hommes misérables dans tous ses romans pour donner à peu de frais la supériorité à la femme. Cela se comprend, du reste ! il y a toujours de la supériorité forcée dans les livres que nous écrivons, car avec quoi écririons-nous nos livres, si ce n’était avec les expériences de notre vie et les sentiments de nos cœurs ?

D’ailleurs, peut-être est-ce la punition des femmes qui déplacent leurs fonctions et se font écritoires, que de n’être aimées que par des hommes petits qui es

  1. Et, dans cette hypothèse, le nom de Mme Sand et l’examen de son œuvre ne seraient pas ici. Car ici, il ne s’agit que de ROMANCIERS, et Mme Sand, malgré la langue française qui ne prend pas toujours les ordres de l’intelligence pour faire ses mots, n’est qu’une ROMANCIÈRE, c’est-à-dire, en fin de compte : un bas-bleu. C’est dans notre prochain volume intitulé : Les Bas-Bleus, qu’elle doit avoir sa place. Les Critiques qui veulent aller passer huit jours à Nohant, peuvent la traiter de têtu d’homme, de penseur, de génie qui n’a pas de sexe, etc. ; mais pour ceux-là qui savent rester dans leur chambre, comme le voulait Pascal, Mme Sand n’est qu’une femme littéraire ayant plus ou moins de talent ou de prétention littéraire. C’est ce que la Critique de la postérité aura à mesurer. On verra.