Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

Eugène Poitou. C’est à ces misères (il faut bien enfin, quoi qu’il en coûte, appeler les choses par leur nom), c’est à ces misères que la Revue des Deux-Mondes, dans ses feuilles, a réservé la place d’honneur. On ne sait pourquoi, car, s’il fallait absolument l’hécatombe des œuvres de Balzac aux principes littéraires et moraux de M. Buloz, on avait, sans sortir de chez soi, M. Gustave Planche, mort maintenant mais vivant alors, qui du moins avait de la compétence littéraire, une sagacité exercée, et qui aurait vu dans Balzac, artiste énorme, mais non infaillible, des débilités de main ou des excès d’intelligence qui ont échappé à l’adolescence magistrale de M. Poitou. Esprit à grandes lignes, mais à lignes arides et qui avait porté le poids du jour, M. Planche n’en était pas moins un critique digne de toucher à ce grand sujet, Balzac et son œuvre. S’il y avait touché, il n’eût pas compromis ceux qu’il aurait servis, et l’on aurait eu la décence du coup que l’on voulait porter. Pourquoi donc ne l’avez-vous pas pris ? Aurait-on trouvé en lui l’obstacle d’une indépendance ? ou Balzac, cet uomo di sasso, aurait-il épouvanté de son marbre et du poids de son génie un homme qui a mesuré assez de cerveaux pour savoir ce que celui-ci pèse, — et pour ne pas se soucier d’avoir à soulever ce fardeau ?…


III

Balzac, en effet, avec ses défauts, avec, ses vices de composition, s’il en a, et qu’il fallait nettement déterminer ; avec toutes les fautes qu’on serait en droit de lui