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avait fini par faire… l’auteur de La Chartreuse de Parme, avec le droit d’écrire sur son tombeau : Ci-gît Henri Beyle, le Milanais. M. Charles Didier est resté Français, et de quelle province ? Et cela frappe d’autant plus qu’il essaye aujourd’hui de jouer au Boccace, et que ses Amours d’Italie, qui sont de bien grandes fatuités, ont l’audace de rappeler le Décaméron !


II

Mon Dieu ! oui, rien moins que Boccace. Arrivé aux dernières lignes de son ouvrage : « Ainsi finit, dit M. Didier d’une façon toute boccacienne (le mot y est, nous ne l’inventons pas), ce Décaméron (le mot y est encore) raconté en un tour de soleil, à huit mille pieds au-dessus de la mer. » Or, que veulent dire ces huit mille pieds au-dessus du niveau de la mer, sur lesquels, à plusieurs places de son volume, le nouveau Boccace de l’Italie au dix-neuvième siècle revient avec une véritable puérilité d’insistance ? Serait-ce, par hasard, un piédestal mieux en vue pour sa modestie ? Non pas ! Mais c’est qu’en effet ces huit mille pieds sont la hauteur du théâtre où se racontent ces histoires.

Un jour la tempête, l’avalanche, l’orage, toutes ces vieilles choses classiques décrites vingt fois, et que M. Didier, en les décrivant une fois de plus, n’a pas rajeunies, ont retenu toute une société de voyageurs au couvent du Grand-Saint-Bernard, dans les Alpes. Il y a là une comtesse polonaise, un gentilhomme portugais, un