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IV

Cette légèreté, qui est la caractéristique du talent de M. Deltuf, et qui doit en faire la fortune, elle est surtout dans les trois nouvelles intitulées : Scepticisme, Le Madrigal, et cette Confession d’Antoinette, à laquelle il faut revenir comme à la perle de cet écrin de bijoux légers. Dans les deux autres nouvelles, qui sont les plus longues et les plus développées du volume, La Famille Percier et Le Mariage de Caroline, on la trouve encore, mais mêlée à beaucoup de choses qui ne sont pas elle et qu’on ne lui préfère pas, quoique parfois ces choses soient excellentes. Ainsi, dans La Famille Percier il y a certainement de l’inattendu, de l’intelligence dramatique, une préoccupation assez brusque du fond sur la forme, ce qui n’est pas l’habitude des esprits du temps, et enfin, comme dans Le Mariage de Caroline, un dialogue plein de naturel. Dans l’une et l’autre de ces nouvelles, il y a une étude de vieille fille, de ce type toujours très-fécond quand il sera bien attaqué, qui fait vraiment honneur à l’observation de M. Deltuf, laquelle ne s’est pas répétée.

La vieille fille de La Famille Percier, qui perd un mari qu’elle adore avec la fureur d’un amour attendu trente-neuf ans, et qui le perd par un de ces dévouements mêlés de faiblesse à une famille qui la tyrannise, est la vieille fille, pur et vieux sang, sublime et ridicule tour à tour.