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les deux battants de sa publicité, M. Eugène Poitou, a publié sur le plus grand romancier du XIXe siècle un long travail, qui peut-être sera un livre demain. Comme les idées sont indépendantes de la chronologie et de la forme purement matérielle sous laquelle elles arrivent au public, nous n’avons pas attendu le livre et nous parlons de ce travail aujourd’hui.

M. Eugène Poitou, qui débute dans les lettres vulgaires, a débuté déjà dans les lettres officielles et même avec succès. Il a eu un prix ou une moitié de prix à l’Académie. C’est, à ce qu’il paraît, un magistrat qui se divertit de temps en temps au commerce des lettres. On dit qu’il est avocat général. Il l’est à coup sûr de style et de pensée aujourd’hui, dans la Revue des Deux-Mondes. Son étude morale et littéraire n’est qu’un réquisitoire. Mais la sellette où s’assied Balzac est l’escabeau des Psaumes. Nous en voulons seulement faire mesurer la hauteur à M. Poitou lui-même. Il verra qu’il peut facilement, et sans se blesser, passer par-dessous.

    faire un jour ; seulement nous n’avons pas voulu, par respect pour le grand homme littéraire des temps modernes, commencer la série des Romanciers du XIXe siècle, sans écrire à la tête le nom de Balzac. Telle est la raison qui nous a fait mettre ici un examen qui aurait mieux sa place dans le volume des Critiques (les Juges jugés). Il est vrai que M. Poitou n’est pas un critique, et que depuis son expédition contre Balzac, il n’a jamais recommencé. Il n’y a que M. Buloz, dont la grossièreté d’esprit se croit parfois de la finesse, qui ait pu le prendre pour un critique, et un critique utile, parce qu’il était avocat général. (Note de l’auteur.)