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d’Arlequin, — un gros aussi, très-gracieux et très-souple, — voilà qu’il repart et rebondit sur ce tremplin de critiques qu’on risquait contre lui, superbe et Janin comme devant !! Le voilà, vivant, brillant, éblouissant de toutes couleurs et de toutes pièces, plus jeune que jamais, c’est-à-dire ayant toutes les qualités de son talent, car le talent de M. Jules Janin n’a jamais été qu’une jeunesse. Ce talent s’appelle vingt-cinq ans, et il le reprenait ! Il avait vingt-cinq ans deux fois, et cela ne faisait pas cinquante. Il était capable de les avoir trois fois, ses vingt-cinq ans, et plus encore ! Pourquoi, dans la littérature, n’y aurait-il pas de ces merveilles qui se nomment Ninon de Lenclos ?…


II

Eh bien ! encore une fois, ce n’est pas là ce qui m’étonne ! L’étonnement ne me vient pas de Ninon Janin : il ne me vient pas de ce que cette Ninon est toujours Janin, le Jules Janin du meilleur temps de sa jeunesse, mais bien de ce que, dans le rajeunissement de son être, l’auteur de cette Fin d’un Monde et du Neveu de Rameau fût positivement, littéralement un autre que lui ; c’est, enfin, que fils de Diderot, — tout le monde lui connaissait cette généalogie intellectuelle, — il fût devenu si subitement semblable à son père, qu’on peut dire maintenant de Diderot « Janin Ier », comme on peut dire de M. Janin « Diderot II ».