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de cette Clarisse de kermesse, ce n’est plus ce Satan anglais, plus infernal que celui de Milton, ce grand et fascinant scélérat, qui est presque une excuse pour cette navrante chute de Clarisse, qui fit pleurer tous les cœurs purs de l’Angleterre, mais c’est la dernière expression de Lovelace, comme la dernière ligne du profil de l’homme aplati fait, dit-on, celui du crapaud. Le comte de Goyek ne serait pas même digne d’être palefrenier chez feu lord Lovelace. C’est, qu’on me passe le mot, un Lovelace canaille. Mais encanailler un grand type terrible ne le rend pas plus formidable. Au contraire, vous le rapprochez trop. La canaille n’est jamais très-loin dans l’humanité. Nous y touchons de toutes parts.

Le comte de Goyek n’est pas même hideux, car la hideur est encore quelque chose. Il est simplement dégoûtant, et la correction extérieure de son vice, et sa force physique, et son sang-froid qui tient à ses muscles, et son luxe qui tient à son argent, toutes ces matérialités, que M. Feydeau décrit avec un amour de matérialiste, ne l’exhaussent pas du plus mince degré dans l’idéal de l’affreux…. De même, la mère de Catherine, cette Clara qui méprise son père et sa mère, qui hait son amant, qui hait son mari, qui hait sa fille, et que l’auteur appelle grande quelque part, tant il est content de ce caractère, et tant cet adorateur de la force la confond avec la grandeur ! De même, encore, le dominicain, dont le personnage est sacrifié à celui de Clara, et tombe dans le poncif du prêtre inventé par les romanciers de l’école Flaubert, et même Champfleury, que je défie bien, l’un et l’autre, en s’y adjoignant M. Feydeau,