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n’est pas le crime tout entier, il est bien évident que tout cela s’agite et se remue, et n’habite pas le bleu des dessus de porte des maisons tranquilles ; mais ce n’est pas moins la réalité, pour être agitée, la réalité hors de laquelle il n’y a ni mélodrame, ni drame, ni roman, ni rien de littéraire que la syntaxe et des rhétoriques… qui ne servent plus !

Laissons donc là ce reproche absurde de mélodrame. Nous avons tenu à le relever pour le compte de M. Feydeau, parce qu’il y a d’autres reproches plus vrais à faire à son livre, — au fond comme à la forme de son livre, — et que nous les lui ferons. Et je ne parle même pas du mutisme de moralité dont ce livre est frappé dans son ensemble. Il me suffit que M. Feydeau n’ait pas été, comme tant d’autres, un endoctrineur d’immoralité, précise et sonore. Son haut protecteur, M. Sainte-Beuve, prétend qu’il faut écarter la morale des livres d’imagination, ce que je ne crois point, et qu’il faut faire amusant avant tout. Je ne veux certes pas mutiler, pour la déshonorer, la pensée de M. Sainte-Beuve. Quand il dit amusant, il pense intéressant, évidemment. C’est ainsi qu’il entend l’amusant. Mais, justement, l’abaissement général de tous les personnages passionnés du roman de M. Feydeau, de tous ceux-là dont l’action noue ou dénoue le roman de Catherine d’Overmeire, diminue excessivement l’intérêt qu’ils devraient inspirer.

Il est une règle dans l’observation du cœur humain et de l’art qui l’exprime ; il est une règle qu’il ne faut jamais perdre de vue. C’est que nous ne nous intéressons profondément qu’aux êtres le plus loin de nous dans la vie, non par la position extérieure, mais