Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée

que ceux des trompe-l’œil parfois émerveillants, mais éphémères, d’un art sans conscience. Ce sont des succès de plaqué.

Seulement voyons si son similor byronien est réussi, même comme similor !

IX

Daniel, le héros du livre de M. Ernest Feydeau, est un jeune homme fatal, comme toute la race d’où il vient, qui raconte à la première personne les malheurs de sa vie jusqu’à sa mort, que M. Feydeau est bien obligé, lui, de raconter à la troisième. Riche, noble, — on n’a plus besoin de noblesse, — et on ne dit pas qu’il le soit, misanthrope marié et trompé indignement par sa femme, qui mériterait bien, par parenthèse, de s’appeler Fanny, car elle lui ressemble horriblement, si ce n’est pas elle. Il y a souvent l’ombre du même type de femme sous la plume des écrivains qui ne sont pas assez forts pour être impersonnels ! L’histoire de ce Lara par mariage n’est nullement compliquée, mais il faut avoir un fier génie pour se permettre une telle simplicité.

Après avoir, comme Childe-Harold et comme René, promené ça et là sa noire misanthropie, Daniel (c’est Daniel sans autre nom, Daniel, toujours comme René et comme Childe-Harold) rencontre au bord des mers une jeune fille qu’il décrit pendant tout le roman et qu’il ne nous montre pas une seule fois avec ce trait qui grave une image dans notre âme ; et, cette jeune fille,