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Prenez-la, en effet, cette littérature, et voyez si l’adultère n’est pas toujours plus ou moins le sujet de ses romans et de ses drames, et l’homme qui le consomme, toujours plus ou moins son héros ! Aux yeux de cette littérature charnelle, anarchique et païenne, l’adultère, après tout, c’est l’amour ! c’est le danger ! c’est la poésie ! Que n’est-ce pas ?… Que n’en ont-ils pas fait ? Nous sommes écœurés de ces idées, mais la majorité des esprits les avale comme l’eau et passe par leur ivresse avant d’arriver à leur corruption. Eh bien ! c’est cette haute position de l’adultère dans l’imagination publique que M. Feydeau a attaquée aujourd’hui. Mais, comme M. Feydeau n’est qu’un moraliste sensible, il n’a attaqué l’adultère que par l’adultère, et ne l’a fait descendre que sous les deux poids qu’il traîne à sa suite, l’humiliation et la douleur.

N’importe ! C’est un commencement, cela… C’est un progrès et c’est une idée juste, et, avant de parler du talent de son exécution, nous en tiendrons compte, et grand compte à M. Ernest Feydeau. Il est sorti de l’ornière du temps, et l’on sait s’il y a de la vase dans cette ornière-là. Nous ne connaissons pas M. Feydeau. Il est jeune, sans doute. C’est un archéologue qui se permet d’avoir du style, ce qui est assez audacieux pour un archéologue, et qui publie encore en ce moment un livre très-savant et très-intéressant sur les sépultures de l’ancienne Égypte. Or, les Spécialités contemporaines, ces bœufs qui ne tracent qu’un sillon, nous font vivement aimer les esprits qui savent faire deux choses. D’une main, M. Feydeau nous tend un livre d’archéologie ; de l’autre, un