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de la tuer, elle, et d’emporter avec les cent mille francs tout l’argent et les bijoux qu’elle a traînés, — sans doute pour cela — jusqu’à Corfou !

Tel est en gros ce livre de Germaine. Alfred de Musset avait inventé la comédie dans un fauteuil, M. About nous donne le mélodrame dans un wagon. C’est un peu moins fin. Encore si dans ce mélodrame il y avait des caractères qui annonceraient l’observateur et le romancier ! Mais il n’y en a pas un seul. Ils sont tous faux, quand ils ne sont pas impossibles. L’honnêteté du médecin qui maquignonne le mariage ressemble à la fierté de celle qui l’accepte. Rien n’est saisi dans sa vérité complexe et profonde, ni vice, ni vertu. Tout est charge, même les situations que l’auteur n’invente pas, mais qu’il gâte. Par exemple, le chapitre où madame Chermidy demande des renseignements sur les poisons, est dans Les Intimes, sous le titre de Consultation, et là, c’est un chef-d’œuvre. Ici, c’est une bourde à la Paul de Kock. Ainsi toujours c’est le manque de sérieux et de conscience et la démangeaison d’être drôle qui perdent M. Edmond About. Tête de linotte littéraire, qui avait peut-être du talent, si elle avait eu quelque poids ! Quant au style de l’auteur de Germaine, c’est du strass monté dans du Ruolz. Les femmes entretenues doivent le trouver beau, comme les bourgeois le trouvent spirituel. « Elle vit (c’est un rêve de Germaine) une autre femme, dont il lui fut impossible de reconnaître la figure. Tout ce qu’elle en put distinguer, c’est un voile de guipure noire, deux grandes ailes de cachemire et deux griffes de diamant. » Ces ailes de cachemire et ces griffes de diamant donnent tout, M. About et