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va mieux à Corfou, car pour sa poitrine et pour les besoins de description de M. About, qui est allé en Grèce, Germaine est à respirer l’air des îles Ioniennes et à dialoguer tendrement avec son mari sous les lauriers-roses… Ce que fera la Chermidy, demandez à la Gazette des Tribunaux ! Elle résoudra avec son monstre de sœur, femme de chambre, d’empoisonner la belle phthisique, et, pour exécuter ce dessein, elles choisiront un forçat libéré qu’elles introduiront dans la domesticité du comte de La Villanera, par le duc de La Tour-d’Embleuse, devenu le baron Hulot de La Marneffe de M. About, Seulement, le forçat libéré, qui ne veut pas trop s’exposer en tuant d’un coup sa jeune maîtresse, l’empoisonnera par de l’arsenic à petites doses et, péripétie scientifique ! l’arsenic ne se trouvera-t-il pas le meilleur remède contre les phthisies pulmonaires ? Ici le médecin lui-même est en déroute comme le lecteur. Il perd la tête, ce grand médecin, devant la crise finale qui doit sauver Germaine, et il écrit à madame Chermidy qu’enfin la malade est perdue ; agréable nouvelle qui arrive à la Chermidy accompagnée d’une autre, la mort de son mari, tué par les Chinois ! Ivre de cette double délivrance, la Chermidy bondit jusqu’à Corfou pour y reprendre son fils et son amant, et les millions et les titres. Mais, tonnerre du ciel ! quand elle arrive, Germaine est guérie, heureuse, aimée de son mari, aimée du bâtard qu’elle élève et qui la préfère à sa mère ! Alors l’idée d’égorger cette femme, qui lui prend tout, la remord au cœur avec plus de rage que jamais. Elle offre cent mille francs au forçat qui a déjà manqué Germaine, et qui trouve plus simple