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souffre beaucoup dans son sentiment paternel de l’impossibilité où il est de reconnaître son enfant qui est adultérin, mais la Chermidy en souffre, elle ! bien davantage. Elle en souffre dans son orgueil, dans ses ambitions, dans toutes ses cupidités, et elle cherche avec l’aide du diable, c’est-à-dire d’une sœur à elle, dont elle a fait sa femme de chambre, le moyen de légitimer son bâtard. Ce qu’elles imaginent, vous allez l’apprendre. Il y a au faubourg Saint-Germain une illustre et antique maison, — la maison de La Tour-d’Embleuse, — laquelle est tombée de la splendeur dans la misère et qui n’a pour tout rejeton qu’une fille de quatorze ans minée de consomption et qui va mourir. Si le comte de La Villanera épousait cette jeune fille à la condition qu’elle adopterait le petit bâtard de madame Chermidy, l’enfant aurait un titre, une possession d’état et une fortune. Eh bien ! grâce à la misère du duc de La Tour-d’Embleuse et à la piété filiale de sa fille Germaine, Antigone sans fierté ; grâce surtout aux plaidoiries d’un médecin, espèce de Figaro soi-disant honnête dans toute cette intrigue, l’immonde mariage s’accomplit. Dans la pensée de madame Chermidy et aussi, hélas ! dans celle de cet Espagnol que M. About, qui conçoit ses chevaliers avec une tache au milieu du cœur, nous donne pour un Cid de noblesse, Germaine n’a pas trois mois à vivre. Mais (vous vous en doutez sans doute ? Ce n’était pas fort difficile à deviner, cette péripétie) Germaine ne meurt pas, et son mari se met sincèrement à l’aimer.

Tout l’intérêt et le secret du roman sont là. Que fera la Chermidy quand elle apprendra à Paris que Germaine