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œuvres de leur auteur, lequel, littérairement du moins, n’a pas de plus grand ennemi que sa bonne fortune. M. About est en effet, et a toujours été un homme heureux. Il a débuté (c’était hier presque !) par un petit livre sur la Grèce contemporaine, spirituel de ton, mais qui voulait l’être bien plus qu’il ne l’était encore, et qui surtout avait la prétention d’être léger, détaché et un peu fat comme une page du Don Juan. Depuis ce début sans façon, depuis ce petit livre dont l’auteur se moquait en ayant l’air de dire : « Allez ! vous en verrez bien d’autres ! » tout a marché à souhait pour M. About et rien ne lui a fait obstacle. Élevé pour être un savant et un professeur, je crois qu’il a déchiré sa robe comme Caïphe. Toujours est-il qu’il s’est jeté gaillardement dans le roman, où tout de suite il a fait son bruit. Et ce n’est pas le hasard seul, devenu bon enfant par exception à son usage, qui a poussé et protégé M. About ! Il avait autre chose que la chance !

En France, nous aimons, avant tout, tout ce qui est facile, ce qui fait jouer l’esprit au lieu de le faire s’efforcer ; et, nous l’avons dit, l’auteur de Germaine a une qualité dont il doit mourir, la facilité. Il l’a… à un déplorable degré. Il n’attendit donc pas. Il fut compté, sans passer par les écoles préparatoires, dans la troupe des jeunes, ces vélites de la littérature, auxquels le siècle déclinant est doux. On le mit, comme l’espoir de ce siècle qui a besoin de croire à l’avenir, avec M. Renan pour l’érudition, avec M. Dumas fils pour le drame, avec M. Taine pour la philosophie, M. Taine dont M. About a beaucoup dans un ordre d’idées différent, oiseaux moqueurs du même plumage