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aura nettoyé le dialogue des descriptions de M. Sandeau. Ces descriptions, d’ailleurs, sont les lieux communs de tous les descriptifs de l’heure actuelle. Dans la maison de Penarvan on n’est pas plus en Bretagne qu’ailleurs. M. Sandeau n’a plus la faculté des paysages. L’aurait-il renvoyée à celle qui lui a emporté son nom ?… Mais il semble qu’il l’avait davantage autrefois.

Certes, quel que soit le succès du nouveau roman de l’auteur de Mariana et de Mademoiselle de la Seiglière, on ne trouve vraiment dans son œuvre, quand on l’examine sans parti pris, rien qui lui mérite plus d’estime qu’on n’en a jamais eu pour lui. J’y vois d’anciennes qualités qui baissent, et je n’en vois point qui remplacent celles qui s’en vont. Il y a d’agréables talents qui ne durent pas plus que la jeunesse, et qui périssent là où d’autres seraient devenus mûrs. Alfred de Musset, qui était un poëte de flamme vraie et ardente, a péri sous cette ligne équinoxiale de la maturité. Il ne l’a point passée. M. Sandeau, qui a été en prose un Alfred de Musset, bourgeois et rangé, la passera-t-il, et deviendra-t-il un vieux conteur dont la vieillesse est un avantage, une gloire et un charme de plus pour le conteur ?… Je n’ose me répondre, avec cette Maison de Penarvan sous les yeux. Le style a, dans ce roman, comme la maison dont il y est question, des abaissements et des dégradations. Ce n’est plus ce style voué au blanc, comme disait si spirituellement M. Léon Gozlan un jour. Le blanc n’en est plus blanc. Il tourne au gris-poussière, et encore la poussière qui est naïvement de la poussière, comme de l’eau est de l’eau : je ne la