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son bonheur perdu, parce qu’elle ne voit plus sa mère et qu’elle a le remords de lui avoir désobéi. Elle a un enfant, une petite fille, qui s’appelle Renée, comme sa grand’mère. Par le conseil de l’abbé Pyrmil, elle lâche l’enfant, sans la prévenir, à la Grande Solitaire, toujours assise sur son trône de chêne, dans la salle des ancêtres, comme une reine trahie et abandonnée. La scène est simple, courte et belle, quoiqu’il y ait six mots affectés qui jurent dans cette simplicité. L’enfant, durement chassée par l’implacable, va disparaître… Elle est presque à la porte, quand le cœur fond à Renée de Penarvan, qui se jette à l’enfant comme une lionne : et le charme de l’orgueil est rompu !…

On le voit, par cette analyse très-rapide, cette chaîne d’événements est presque vulgaire, et l’on peut dire que tout en est arrangé comme au théâtre, dans l’intérêt du dénoûment ; mais voici ce que la critique, pour être juste, est tenue d’ajouter : Tout cela n’est point taillé en grande et vraie nature, en plein drap de nature humaine. Tout cela manque d’ampleur, de mouvement, de fortes et abondantes entrailles. Tout cela est combiné pour faire plus tard une comédie, qui aura beaucoup de succès, comme Mademoiselle de la Seiglière, et qui sera jouée un jour au Théâtre-Français. Mais, dans le roman je vois trop mademoiselle Plessy dans le rôle de la marquise de Penarvan ; j’entends trop la voix de Samson dans la voix de l’abbé Pyrmil, caricature longue, dont l’habile acteur fera une caricature courte. Enfin, c’est Scribe en pierre d’attente que ce roman, qui sera du Scribe tout à fait, quand on