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d’Edimbourg, apporte dans la conception de son Dominus l’éther rectifié du génie, et celui-là qui écrivit d’une plume si légère Rose et Blanche, avec une conception semblable, a la pesanteur d’un pataud !

Précisons le sujet du livre. Renée de Penarvan est la dernière de l’antique maison des Penarvan, écroulée sur les champs de bataille de la Vendée, dans l’héroïque personne de son père et de ses quatre fils, massacrés. La guerre finie, elle, qui l’a faite aussi et qui a été épargnée par ses folles de balles, comme disait Souvarow, revient dans son château, désert et ruiné, où elle retrouve les débris en miettes de son mobilier d’opulence, grâce à l’abbé Pyrmil, qui les a sauvés en les cachant, et qui les rapporte comme il rapporterait les vases saints au tabernacle. Elle vit seule avec cet abbé, — qui devrait être d’une beauté morale bien supérieure à Dominus Sampson, puisqu’il est catholique, et qui non-seulement a du Sampson gâté, mais aussi du Caleb, car les teintes de M. Sandeau sont des couleurs déteintes et mêlées. — Or, elle apprend, par l’une des circonstances du roman, qu’un cousin-germain de son nom, dont le père avait, comme on dit, embrassé les principes de 89, vit non loin d’elle, sur une petite terre qu’il cultive, et qu’il est sur le point d’épouser la fille d’un meunier. Cette mésalliance fait sur la fière Renée l’effet de l’écarlate sur le taureau, et, pour l’empêcher à tout prix, elle part, Don Quichotte en robe bouffante, avec son Pyrmil, Sancho émacié, en soutane. Elle va sonner la honte à son cousin, chef de la maison désormais, lequel tombe naturellement amoureux de sa cousine,