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M. BERRYER

comme les enfants gâtés qui se sentent des enfants gâtés, et vont devenir des enfants terribles, il déploya, le jour même de sa réception, l’impertinente indifférence d’un homme qui oblige plus qu’il n’est obligé… Il est d’étiquette de lire son discours à l’Académie. « Je ne sais pas lire, dit-il ; je ne sais pas écrire ; je ne sais que parler. » Et il le prouva, car il lut fort mal. Superbe mal portée ! Grand seigneur étudié au Théâtre-Français !

Quant au talent inacadémique de M. Berryer, c’est un acteur, ce n’est pas un orateur. Et encore, un acteur qui n’est pas le maître de son art ! car on voit toujours qu’il joue la comédie et qu’il le sait… Sa voix est belle, mais il l’écoute trop. Son geste est ample, mais il le suit trop du regard… et il pue, d’ailleurs, la grand’manche. C’est comme les lapins du poëte :