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M. JULES SANDEAU

rompu au métier, qui a grapillé dans la vigne à Goldsmith, et à Walter Scott, et qui nous a souvent gâté le raisin qu’il y a volé. D’essence et d’élégance naturelle, c’est, ou plutôt c’était, un clerc de notaire. Je l’ai vu, — autrefois, — faire le dandy en loge avec une grosse chevalière à pierre brillante, par-dessus un gant beurre frais, qui n’était pas très-frais. Il a eu les mêmes goûts et les mêmes malheurs qu’Alfred de Musset, et il disait, montrant sa tête chauve : « Elle m’a pris mon dernier cheveu et ma dernière illusion. » Mais, comme Alfred de Musset, il n’a pas fait son saut de Leucade dans l’absinthe. Il a piqué dans le solide, les huîtres, le pâté de foie gras et les côtelettes. Guéri de passions, marié d’ailleurs, il est devenu un ventre rondelet et tranquille qui emplit très-bien son fauteuil d’Académie. M. de Pontmartin s’est longtemps dévoué à sa gloire. Mais lui, l’ingrat, pourquoi ne s’oc-