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M. PROSPER MÉRIMÉE

sécheresse, la maigreur, la concentration recuite. Violents dans la sobriété, ils veulent faire avant tout les positifs, et ils finissent par devenir disgracieux et faux. Comme Stendhal, M. Mérimée est un athée discret, un Fontenelle sinistre. Il n’aurait jamais, lui, au café de la Régence, les colères contre Dieu de M. Sainte-Beuve. Homme d’esprit politique qui sait diriger les relations de sa vie. Du fond de son épicuréisme il prend, comme Stendhal, des décisions nettes, rapides, presque militaires. Gens qui seraient de première force, si les principes moraux étaient des plaisanteries ! Comme Stendhal encore, M. Mérimée a le mépris le plus honorable pour tout ce qui est vulgaire ; mais c’est un mépris gouverné, qui ne l’a pas empêché d’entrer dans une Compagnie où les grands talents, par le fait qu’ils y sont, y sont déplacés.