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M. PONSARD

de Corneille et d’André Chénier. Il est des mains qui ne respectent rien. Les mains lourdes et gourdes de M. Ponsard traînant sur la pourpre romaine du vieux Corneille et sur les diaphanes albâtres grecs d’André Chénier ! c’était à faire crier « à bas ! » à tous ceux qui ont le respect des belles choses. Eh ! bien ! cela n’indigna personne dans les maisons où, pendant dix-huit mois, Vadius triomphant et pudibond, M. Ponsard alla lire sa tragédie tous les soirs ! Le comité de l’Odéon, composé de têtes si fortes, fut séduit par ce succès de société, qui était aussi un succès de réaction !… On était las des excès du romantisme, et la vieille rengaine classique parut neuve. M. Ponsard fut proclamé le poëte du bon sens, parce qu’il était le poëte de la vulgarité, ces deux choses qu’en France nous confondons toujours… Mais il ne retrouva jamais son succès de Lucrèce. Il