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M. OCTAVE FEUILLET

Revue des Deux Mondes. M. Feuillet, dans ce temps-là, fut à Alfred de Musset ce que Charles de Bernard était à Balzac.

Las de réussir dans le genre simiesque, M. Octave Feuillet a voulu, un jour, avoir une physionomie à lui ; il écrivit un roman, nommé, je crois, Bellah (?), dans lequel il essayait de se débarbouiller de l’Alfred de Musset qui lui avait jusque-là fait un visage, et il apparut ce qu’il est réellement : un esprit prosaïque et bourgeois. Ses romans, qu’il retourne en pièces de théâtre, comme les gens qui ne sont pas riches retournent leur habit pour s’en faire deux, sont d’une conception très-médiocre, d’une observation superficielle et d’une morale ambiguë, qui n’est ni catholique ni stoïcienne, et qui tient ce lâche milieu dans lequel les esprits de ce temps coulent et fondent. Rien donc d’étonnant à ce que M. Feuillet passe pour un écrivain moral, à