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M. SAINTE-BEUVE

haute que le dossier de son fauteuil : maintenant il l’a plus bas.

C’est Balzac qui prit un jour M. Sainte-Beuve dans ses mains redoutables, et qui le fit danser jusqu’au ciel, lequel, ce jour-là, ne fut pas pour M. Sainte-Beuve un paradis… On crut voir le géant Pantagruel jouer avec un Polichinelle de quatre sous. Mais Balzac, tout génie qu’il était, a été injuste. M. Sainte-Beuve a bien des défauts… et même plus ; mais il n’est pas ennuyeux, comme le dit Balzac. Il est vrai que l’ennui est une sensation relative… Ma sensation, à moi, c’est, au contraire, qu’il est amusant. Malsain, oui… comme bien des choses amusantes ! entortillé, précieux, oui encore… mais amusant ! Ce n’est pas d’agrément qu’il manque, mais de netteté, de trempe et de solidité d’esprit. Ceci est plus grave que de manquer d’agrément.