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M. GUIZOT

les yeux et qui répètent leur mot « d’honnête homme politique, » en s’extasiant sur cette grande moralité, verbale et verbeuse, qu’a flétrie un jour M. Royer-Collard, un voisin de Canapé cependant ! « Vous l’avez appelé un austère intrigant, — lui reprochait-on. — Non, dit Royer-Collard, je n’ai pas dit austère. » Corrupteur puritain, qui demandait aux électeurs de Lisieux : « Vous sentez-vous corrompus ? » comme si les gangrenés sentaient leur gangrène ! M. Guizot est un Walpole sans habileté, qui ne sait pas tirer parti de la corruption ; mais son immoralité n’est pas dangereuse, comme toute immoralité qui se respecte devrait l’être. À l’Académie, comme au pouvoir, il est bien plus pour la décoration que pour autre chose, car, ne vous y trompez pas, cet homme sans couleur dans le talent est très-extérieur. Il a bien plus les attitudes du pouvoir que les