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variant de nuances nouvelles, la filiation s’atteste te est visible encore à l’œil qui sait voir. Le croira-t-on sans y avoir regardé ? il y a parfois dans ce rude et violent d’Aubigné, toujours superbe de jet infatigable, mais trop souvent un véritable vomitoire de déclamation bouillonnante, les simplicités religieuses, harmonieuses et apaisées d’un Lamartine. Tenez 1

Que ton esprit, ô mon Dieu,

Esprit d’union m’unisse,

Et tout entier me ravisse

De si bas en si haut lieu.

Hausse-moy dessus le rang

De la pauvre humaine race,

Ma chair de ta chair se fasse,

Et mon sang de ton pur sang.

Que mon cœur enfelonné

Ne s’enfle contre personne :

Donne moy que je pardonne,

Afin d’estre pardonné.

Comme jadis à l’hostie

On arrachoit tout le fiel,

Fais que je ne sacrifie

Rien d’amer au Dieu du Ciel !

Et tenez encore ! Après Lamartine, c’est du de Musset aux grâces charmantes :

Tu m’avois demandé, mignonne,

De Paris quelque nouveauté :

Le nouveau plaist à ta beauté,

C’est la nouveauté qui m’estonne !