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plusieurs gentilshommes de son parti. Mais on sait moins qu’à huit ans, prisonnier avec les compagnons de son père, il ne pleura pas pour sa prison mais pour la petite épée qu’on lui ôta, et que, menacé du bûcher, le stoïque bambin répondit que « l’horreur « de la messe lui ôtait l’horreur du feu ». Son père l’avait, en effet, trempé dans le Styx de toutes les horreurs du temps, pour le faire demeurer ce qu’il ne cessa d’être contre l’Église catholique : — éternellement implacable ! Il était, par le caractère, uneespèce de Balfour de Burleigh, — mais qui n’aurait jamais assassiné d’archevêque de Saint-André, —un Balfour de Burleigh d’une bonté inconnue au farouche Balfour, chevaleresque plutôt, au lieu d’être farouche ! Toujours le chevalier domina en lui le sectaire, quoique le sectaire y fût à une grande profondeur. Il avait toutes les passions de son temps, tous les goûts de son temps, toutes les littératures : grecque, latine, hébraïque, de son temps, où les sciences elles-mêmes étaient poussées jusqu’à la fureur. Dès ses premières années, il avait jeté sur la flamme de son esprit un boisseau de connaissances qui auraient pu l’éteindre et qui ne l’èteignirent pas. On n’avait jamais porté tant de connaissances et de littérature à la guerre. Mais elles n’y furent jamais pour lui l’impedimentum belli dont parle Tacite…

Entre temps d’une lecture d’Homère, de la Bible, de Platon, il se battait comme un lansquenet. Il fut