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dans son rêve. Il aurait oublié que l’heure du berger sonnait, en lisant Baruch. Il le dit lui-même : « Je suis chose légère ». Les femmes qui l’aimèrent, l’aimèrent surtout comme de belles marraines qui lui firent chanter sa romance à Madame jusqu’à sa dernière heure, à ce Chérubin attardé qui devint une barbe grise avant de cesser d’être un enfant, mais qui finit, tout en la chantant, par rire de sa romance. L’adorable mélancolie de ce rire, nous la connaissons !… Elles l’aimèrent jusqu’à la barbe grise. Et dans sa vieillesse, et après madame de la Sablière, l’amitié des femmes ramassait encore ce dont l’amour ne voulait plus.

IV

C’est à ce La Fontaine que l’édition d’Alphonse Lemerre devait nous introduire. Nous verrons comme elle s’en tirera… En attendant, l’éditeur a publié en eaux-fortes par les plus habiles aquafortistes de ce temps, les dessins d’Oudry sur La Fontaine ; Oudry, l’animalier du xviiie siècle, spirituel, fin, ayant du Watteau dans les fables tendres, et du Poussin dans quelques-uns de ses paysages de deux pouces, quand le sujet de la fable est grandiose. Oudry est certainement,