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n’ont pas ce double caractère que je tiens surtout à signaler, et qui se rapprochent de la première manière de l’auteur, mais concentrée, mûrie, calmée ; d’une couleur moins vive, mais certainement d’un dessin plus fort : la Jeune Sauvage, la Maison du Berger, et surtout l’Esprit pur, poésie cornélienne, l’exegi monumentum du poète, dans laquelle, se mesurant à ses ancêtres, gens d’épée dont il raconte admirablement la vie de cour et d’armes :

Dès qu’ils n’agissaient plus, se hâtant d’oublier !

il se trouve plus grand de cela seul qu’il a mis sur son casque de gentilhomme :

Une plume de fer qui n’est pas sans beauté !

et qu’il peut écrire leur histoire :

C’est en vain que d’eux tous le sang m’a fait descendre ;

Si j’écris leur histoire, ils descendront de moi.

Mais ces poésies, dont je ne puis rien citer, resserré que je suis dans les bornes de ce chapitre, sont pour moi, malgré leurs beautés incontestables, les inférieures du recueil, sinon par l’exécution, au moins par la pensée qui les anime. Elles n’étonnent point. Elles ne détonnent pas. Elles n’opposent pas un de Vigny de la fin au de Vigny du commencement. Elles ne révèlent pas un de Vigny — Zénon inconnu et sorti du