Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/352

Cette page n’a pas encore été corrigée

VII

Eh bien, c’est cette souveraine équation entre la puissance du talent et la sincérité, qu’atteste, dans sa terrible beauté, le livre des Névroses, — même avec ses excès, ses défauts et ses indigences ; car certainement il en a, et je les connais aussi bien que vous ! Moi qui trouve une individualité à M. Rollinat qui jette à l’ombre les poètes actuels, je veux bien convenir de l’énorme trou que fait dans son livre et dans sa tête l’absence d’idéal religieux, de tous les idéals le plus élevé et le plus beau ! Je pourrais encore accorder que la langue poétique des Névroses, de cette poésie exaspérée, a trop souvent des bavures et des écumes, dues à l’exaspération de son énergie, et qu’il aurait fallu essuyer. Je pourrais, tout comme un autre, avoir la perfidie des citations, qui n’est pas une bien grande finesse, et, patient lapidaire de l’envie qui fait sa petite méchanceté, composer une petite mosaïque de citations tronquées, pour ridiculiser, en les isolant, un ensemble qu’on n’a pas sous les yeux… Il y a bien plus. Sur les cinq livres de mon poème, si j’avais été M. Rollinat, j’en aurais courageusement supprimé un : le livre des