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anglais. Xous avons, nous, passé par Edgar Poë et Baudelaire, les précurseurs de M. Hollinat et dont il va continuer la tradition. On a dit contre M. Rollinat les choses déjà dites contre Edgar Poe et Baudelaire. Ce n’est même pas là des pauvretés qui aient le mérite d’être nouvelles ! Tous les trois, ils ont obéi à la fatalité du même génie, et ils l’ont noir, comme un autre pourrait l’avoir rose, sans que la volonté, à laquelle les esprits faibles croient, y soit pour rien. C’est là une raison pour que, encore une fois, la Critique ne doive jamais poser, quand il s’agit de poètes, que la question de puissance, laquelle implique toujours la question de sincérité.

Il n’y a, en effet, que les faibles qui puissent ne pas être sincères. Tous les petits talents, tous les petits caractères, les petits arts, les petites femmes, peuvent très bien n’être pas sincères et être charmants, dece charme que la dépravation des hommes adore et qu’on nomme la félinité. Mais quand il y a de la force quelque part, fût-elle une erreur du génie, car le génie a ses erreurs, ou une bassesse d’animalité, l’homme de cette force, quelle qu’elle soit, est immanquablement sincère. Nier la sincérité dans l’auteur des Névroses, c’était nier ou entamer sa force. C’était acte de félin contre un sincère… Balzac dit que l’envie est un vice qui ne rapporte rien, et il s’est trompé, tout Balzac qu’il est ! Dans l’espèce, il a rapporté cela.