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V

Peut-on dire qu’il a été jugé déjà ? Après avoir beaucoup parlé de M. Rollinat, on a beaucoup écrit sur lui et sur son livre, mais l’a-t-on vraiment jugé ?… La pile d’articles de journaux dont il a été l’objet est formidable. 11 pourrait s’en faire, s’il le voulait, une petite colonne Vendôme, non pas de bronze, mais de papier. Et il n’y a pas que des ennemis là-dedans : il y a des admirateurs tout aussi passionnés que les ennemis ; car le mérite de M. Rollinat. c’est de ne laisser personne tranquille, c’est de tourmenter violemment les imaginations. Ses Névroses sont contagieuses ; elles donnent réellement des névroses à ceux qui parlent d’elles ! D’homme qu’il n’ait pas possédé comme le démon possède, d’homme qui reste se possédant lui-même avec ce terrible sorcier et qui se rende compte froidement de ses sorcelleries, à l’heure présente, je n’en connais pas. La Critique de ce moment du siècle a procédé avec M. Maurice Rollinat, hélas ! comme elle procède toujours. Elle a dit, à propos des Névroses, ses goûts ou ses dégoûts, à elle, ses préférences et ses horreurs, tirant tout de sa propre personnalité,