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Tel qu’un mauvais soldat exilé de son rang,

Il écoute le bruit du combat qui l’attire,

Et ne sait à quel Dieu dévouer tout son sang.

Certainement, il y a des inspirations plus hautes que le scepticisme de M. Paul Bourget et même que celui de lord Byron. Il y a l’inspiration de la foi religieuse, telle qu’elle est, par exemple, dans le livre divin (sans métaphore) des Harmonies, de Lamartine. Mais à côté, en descendant, il faut avouer que le scepticisme, quand il écrit de pareils vers, pénètre bien avant dans nos âmes !

III

Je l’ai dit, c’est une âme de poète que M. Paul Bourget. Il n’a pas effacé de son front ce grand et beau reflet de Dieu, qui s’y débat contre les ombres du doute quand tous les autres l’ont éteint sur le leur. Le matérialisme ne l’a point durci et n’en a pas fait le tailleur de cailloux qu’il faut être dans ce siècle de bijoux faux ou vrais, et dans lequel les poètes ne sont plus que des lapidaires. Il n’est pas l’ouvrier que Théophile Gautier se vantait si grossièrement d’être ; car les ouvriers, les rois de ce temps, si lâche devant