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Fontenelle, quand il voyait une femme pâlie et défaite. L’amour de Hugo et de de Musset a passé par là, dans Saint-Maur ! Quand donc trouverai-je enfin un poète qui préserve la naïveté de sa source, la pureté de son inspiration parla plus heureuse des ignorances, et qui ne soit pas littéraire dans une époque de vieille civilisation bien plus littéraire que poétique ? Au fond, Saint-Maur est, de tempérament, assez poète pour se passer de littérature, pour ne pas avoir besoin de cette impalpable et brillante poussière de la fleur des autres qui colore quelquefois ses ailes et que j’aurais voulu n’y pas retrouver.

III

Et, en effet, c’est un poète, Saint-Maur, et un poète involontaire. Les poètes de volonté n’existent pas. Il n’aurait jamais lu de poète, — ce que j’aurais souhaité, — qu’il le serait encore. C’est un poète d’organisation et de race, — et de race est le mot. Il n’est pas un étonnant et mystérieux aérolithe comme Lamartine I Je sais son origine, à lui ; il nous appartient. Il est de race gauloise comme La Fontaine et Boileau, — non pas Boileau, le froid et didactique auteur