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V

Dans ces conditions de vie cachée et de paix domestique, que ne pouvait-il faire encore ?… Amédée Pommier était de cette génération d’hommes nés pendant l’Empire, qui semblent avoir gardé sous leur peau un peu de la trempe bronzée des canons du temps. Il était resté actif d’esprit comme un jeune homme. Que de fois je l’ai entendu parler de vingt projets de travaux différents ! entre autres d’une traduction en vers, qui devait être avancée, des Métamorphoses d’Ovide, le seul poète, disait-il, romantique, de l’Antiquité. Hélas ! traductions, projets, travaux ont été interrompus par la mort de sa femme, qu’il prévoyait pourtant. Les trois en un tombèrent à deux. L’heureuse Trinité ne fut plus qu’une dualité douloureuse.Les deuxtronçons, restés sur la terre, de celle qui n’était plus, s’étreignirent en vain davantage ; le père et la fille cherchèrent à se consoler l’un l’autre. Mais les consolations attendrissentles blessures et ne les ferment pas. Ce fut alors que le poète de tant de poésies vigoureuses se mit à écrire ces Quelques vers pour File, qui ont été ses derniers vers. Ils auraient pu jaillir