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II

Amédée Pommier est du commencement de ce siècle. Il fut, au collège, le contemporain d’hommes qui ont marqué plus tard dans des directions différentes : Sainte-Beuve, Lerminier, Ëdelestand du Méril, Charma, etc., et qui arrivèrent tous à la vie dela publicité vers 1830. Il y arriva comme eux, robuste, armé, prêt à tout, se distinguant comme un des premiers et des plus solides de cette Légion de romantiques qu’on pourrait appeler : « les forts en Israël », et dont il ne restait plus guères, quand il mourut, que Victor Hugo. lequel nous semblait— comme le Louis XIV qu’il haïssait certainement, mais qu’il n’eut peut-être pas été fâché de rappeler— devoir fermer probablement le cortège de son siècle. Amédée Pommier fut lié de bonne heure avec Victor Hugo, et il le fut tard ; car cette âme profonde et fidèle ne se détachait pas. On le voyait encore aux soirées de ce démocrate aux airs de roi, qui eut sa cour, et qui, s’il crut à l’égalité civile et politique, ne crut pas, du moins, plus que nous, à l’égalité littéraire ! Amédée Pommier, moins âgé que Hugo, aimait à se dire un des grenadiers de sa vieille garde.