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comédie unissent leurs coups de fouet, un Beau Mariage, — d’autant plus dangereuse, cette pièce, que, vraie en beaucoup de points et étincelante, mais d’inspiration basse, elle aura pour elle toutes les âmes basses hostiles à l’Eglise, — la Tête de mort, l’Exorcisme du ver, où l’on trouve ce vers Baudelairien :

Et qui ne craint pas Dieu ne craint pas sa vermine !

haïe, une Tombe, les Sesterces et les Roses, Tentation. Seulement, ce que je veux exclusivement vous faire entendre pour vous prouver que nous avons ici affaire à un poète, ce n’est pas l’expression réussie de la haine qui se croit victorieuse, mais c’est l’accent éternellement cruel et doux de la vie passée, qui, finie, crée immédiatement l’infini du souvenir dans nos cœurs. Écoutez ! C’est le commencement du volume, ce que le poète appelle la Clé rose :

A l’inspiration qui dort,

La vie est lentement rendue.

J’avais fermé le coffret d’or

Et la clé rose était perdue.

Qui sait ce qu’encore il offrait

De richesse au poète avide ?

Pauvre trésor, pauvre coffret !

Restez clos ! — Si tout était vide ?

Comme la coupe de Thulé,

Où tout ce que l’on aime el souffre

Dans une gorgée a coulé,

Que la clé rose reste au gouffre !