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pleuvent de ces petits chefs-d’œuvre particuliers au génie de M. de Banville, dont l’ironie, délicieusement comique, est toujours doublée ou triplée par le grandiose de l’expression. On n’en peut indiquer que quelques-uns : la Pauvreté de M. de Rothschild, Soyons carrés ! le Thiers-parti, Chez Monseigneur, le Petit crevé, le Roy s’amuse, le Rudget, le Delirium (reviens, etc., toutes satires dans lesquelles Juvénal-Pierrot soufflette de sa grande manche et Boileau-Arlequin fouaille de sa batte éblouissante les sottises, les vices et les ridicules du temps, —et, malheureusement, sans leur faire le moindre mal.

IV

Mais Arlequin et Pierrot, ces deux types adorés de M. de Banville, qui les unit dans sa personne poétique, Arlequin et Pierrot, ces deux innocents, doux et étincelants gouailleurs, vont disparaître de ce volume, et nous arrivons enfin au magnifique et poignant avatar du poète, nous arrivons à ces Idylles Prussiennes que j’ai annoncées dès le commencement de ce chapitre, et qui ont fait tout à coup surgir du Banville connu un Banville qu’on ne connaissait pas. Le poète des