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ni rien mordu. Le poète lyrique exceptionnel qu’il est rit dans le bleu comme il y gambade ; car il y gambade ! mais j’aime mieux l’y voir rire que de l’y voir gambader.

III

Je viens, en effet, de les retrouver ici même, ces gambades, appelées un jour : Odes Funambulesques ; je viens de les retrouver dans cette édition définitive, et malgré la préface très spirituelle dans laquelle l’auteur traduit à sa manière et à son profit les critiques qu’on en a faites autrefois, j’en pense, pour ma part, identiquement ce que j’en pensais à l’époque où Malassis, séduit — comme dit M. de Banville — par le paroxisme de la chose, les publia dans une édition bigarrée comme la jaquette d’un saltimbanque et digne de ces arabesques de Rythme et de Rime d’un lyrisme si enivré qu’il en semblait fou (1). Le temps, sur ce point, n’a pas modifié ma pensée.Les Odes Funambulesques ne sont plus dans la sphère de ce lyrisme joyeux qui nous a donné, par exemple, dans les Occidentales, nombre de poésies belles ou charmantes,

1. Voir les Œuvres et les Hommes, 3e volume : Les Poètes.