Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/238

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus d’inconnu. Il nous a parlé longtemps du poète comique dans Corneille : de la comédie de la Suivante, jolie comme son sujet ; du Menteur, dont il n’était pas besoin de nous parler (car il tient toujours la scène comme Molière, avec des touches que n’a pas Molière, et cependant Molière a écrit le rôle de don Louis — dans Bon Juan — qui est un rôle cornélien ! ) ; mais surtout il nous a parlé avec juste raison de cette perle, dissoute dans l’oubli : la Suite du Menteur, d’une conception si naturellement ingénieuse et de situations si profondes. Seulement, c’est toujours là de l’inconnu tiré des Œuvres. En d’autres termes plus précis, c’est encore là bien moins de l’inconnu que de l’oublié… L’oubli qu’on a fait de la moitié du grand Corneille est égal à la gloire de l’autre moitié.

Le mérite du livre de M. Levallois n’est point de ressusciter un phénix tiré d’un autre phénix qui a. brillé et qui brille encore aux yeux des hommes, mais de nous ramener au vieux Corneille, à ce phénix dont la jalousie de Voltaire avait coupé les ailes, et de nous en faire admirer les beautés depuis longtemps inaperçues. Le livre de M. Levallois est un véritable Cours de Littérature sur Corneille. La Harpe, qui ne quitta la livrée de Voltaire que pour prendre celle de JésusChrist, avait sifflé comme Voltaire, cet éleveur de perroquets, lui avait appris à siffler ainsi qu’à tout son siècle. Le xvme siècle avait fait comme La Harpe. Les esprits médiocres et ignorants qui sont de tous les