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justice et jusque dans l’admiration qui m’étonne : M. Levallois a été froid comme un vieux juge de sa province. Mais qui sait ? il a eu peut-être ses raisons pour affecter cette froideur singulière, pour étouffer l’expression ardente, pour pâlir une couleur qui eût pu briller davantage, pour enfin avoir fait, qu’on me passe le mot ! un livre non pas gris, mais blanc, un livre innocent de toute violence. Le livre avait-il en vue quelque prix d’Académie ?… Il était, certes ! pensé et écrit pour en rafler un, et comme il faut que le Normand se retrouve partout, M. Levallois est-il ici dans les profits de sa finesse ? Un livre plus impétueux et plus éclatant que le sien l’aurait fait échouer, et il n’échouera pas, —selon nous, malheureusement pour lui. Il n’échouera pas, quoique avec un livre substantiel et de qualités excellentes, mais qui ne dépassent point le niveau de prudence et de goût prescrit par tous ces mulets d’Académie qui se croient le pied sûr et qui ne veulent pas qu’on l’ait emporté. M. Levallois, l’admirateur passionné de Maurice de Guérin semble s’être bien donné de garde d’écrire sur Corneille (sur Corneille !!!) un livre intense, mais je suis sûr qu’il l’aurait pu…