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mieux que celle d’une étoile, — est-il réellement le Leverrier de ce nouveau Corneille, qui s’élève, sous sa plume, de l’ancien î… Ce Corneille qu’il nous exhibe, ne l’avons-nous pas déjà vu passer dans les pénombres des notices, des commentaires, des critiques, des biographies, de tout ce qui, en définitive, est l’Histoire avant qu’elle soit épurée et condensée en ce noyau lumineux auquel nul autre rayon ne peut plus s’ajouter ? En plaçant à la tête de son livre cette promesse d’un Corneille inconnu pris à même l’autre Corneille, M. Jules Levallois a frotté d’un miel irrésistiblement savoureux les bords dela coupe qu’il tend au public, et tout le monde y voudra boire. C’est moins là une gasconnade qu’une finesse : M. Levallois est Normand ; à cette finesse, on le reconnaîtrait.

C’est un Normand, — et peut-être est-ce là aussi une des raisons déterminantes de son livre ?… Le Normand a été attiré par la plus grande gloire littéraire normande ; car lord Byron, qui se disait Normand avec orgueil, est une gloire anglaise, —mais à travers laquelle, comme à travers la langue dans laquelle il écrivit, se reconnaît l’identité de race, de cette forte race, de poésie profonde, qui vadeRollonà Corneille. Et non seulement M. Levallois est Normand, mais je le crois même de la ville de Corneille, ou s’il n’en est pas, il y a beaucoup vécu, dans cette ville plus pleine à présent de Corneille, privilège de la mort et de la gloire ! que du temps même où il vivait. L’auteur