Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1889.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

Carlyle découvrit les fameuses lettres inédites de Cromwell, qui éclairèrent d’un jour si profond l’individualité complexe de l’homme (…un homme s’est rencontré… que n’avait pas compris Bossuet, ce Maître en Histoire ?…En 1823, un préposé aux papiers d’État de l’Angleterre, un M. Lemon, trouva, tout en faisant sa charge, parmi les dépêches que Milton avait rédigées dans le temps qu’il était secrétaire d’État au département des affaires étrangères, un large manuscrit latin, qui fut immédiatement publié, par ordre du gouvernement anglais, sous le titre : « Traité de la doctrine chrétienne d’après les Seules Ecritures (Treatise on Christian doctrine compiled from the Holy scriptures alone). Mais le bonheur de rencontrer un manuscrit, oublié et authentique, d’un grand homme, ne recommence pas tous les jours… Quand Chateaubriand nous donna ses quatre grandes pages sur Milton, il l’avait traduit où il allait le traduire, mais après Chateaubriand, le vieux lion littéraire qui essaya d’imprimer ses ongles sacrés sur le poème intraduisible de Milton, y aurait-il quelqu’un d’assez hardi pour vouloir casser les siens sur ce marbre ? Et ce quelqu’un là serait-il M. de Guerie ?… M. Edmond de Guerie, l’auteur du livre sur Milton dont je cherche la raison d’être, est, si je ne me trompe, d’excellente race de traducteur. Il doit être le parent (et probablement le fils) de ce M. de Guerie mort maintenant et qui traduisit l’Enéide. — à ce qu’il paraît, un chef-d’œuvre. Or,