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génie ? On en doute… Homme de facilité superbe, dans les derniers temps de sa vie ce noble forçat de dettes immenses se mit, pour se racheter de cette galère, à faire de l’Histoire, et il porta dans cette Histoire qu’il n’avait jamais apprise et qu’il traversa au galop de son génie, la divination du poète. Il fit de l’Histoire comme il faisait des vers. Celle qu’il écrivit de César est digne de César. Sans études profondes, il se sentait « lui », comme Médée, et c’était assez ! Les petitesses de ce temps ont fait oublier cette grandeur inconsciente de Lamartine. Il est de sots silences tout à coup dans la gloire, et nous sommes dans un de ceux-là. Le poète incomparable des Harmonies dont personne ne parle plus, devra-t-il à ses Mémoires inédits un regain de bruit sur sa tombe ? Encore une fois, qui sait ? Mais voilà le livre. Dans tous les cas, on peut attendre que la gloire reprenne sa parlotte, quand on a, comme Lamartine, devant soi l’immortalité !