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obligatoire que jamais pour l’artiste, puisqu’il est la seule chose dans l’artiste que le temps puisse perfectionner ! Aussi, quand l’inspiration défaille chez Auguste Barbier, — et il est un moment où elle défaille chez tous les hommes, — il fait de ces terribles chutes que, par exemple, Théophile Gautier.qui n’avait pas son génie, ne ferait pas, quand il l’aurait !

Et il y a pis que ces chutes ; car pour chuter, il faut s’élever… A y bien regarder, les Odelettes et les Silves ne sont pas des chutes. Ce sont des demeures à terre et plus bas que terre d’un esprit qui a eu parfois des ailes, comme le condor, de trente-deux pieds d’envergure… Ce qu’on pourrait dire des gaucheries sans nom, des maladresses, et, qu’on me passe le mot ! des patauderies du sublime auteur du Pianto et qui tiennent à la profonde ignorance de son métier, passerait toute créance. Il nous suffira, pour en donner une idée, de citer des vers comme ceux-ci, que nous trouvons dans sa traduction du Jules César de Shakespeare :

Octave a devant moi dit tout haut à Lépide

Que, tels que des gens fous, troublés, anéantis,

Brutus et Cassius de Rome étaient sortis.

Il est bien évident que l’homme qui a écrit :

Que tels que des gens fous, troublés, anéantis,

ne s’est pas entendu en écrivant, et que le métier ne